le retour des corps

Au début de la guerre, devant l’importance des pertes, les corps sont inhumés dans des fosses communes :

fosse commune dans la Marne en 1914

 A partir de 1915, l’état impose l’inhumation dans des tombes collectives où les soldats sont placés côte à côte ou dans des tombes individuelles. Des repères d’identification sont mis en place (nom, régiment, plaque d’identification…).

cimetière militaire et abris

tombe collective à Epernay

Dans la mesure du possible, des plans sont établis, mais de nombreuses sépultures ont été bouleversées par des bombardements ou, plus tard, par la reprise des labours !

plan de cimetière provisoire

Pour des raisons sanitaires (entre autres mais aussi pour éviter les exhumations « clandestines ») l’exhumation des corps sur les champs de bataille est interdite dès 1914 (19 novembre par Joffre).

A la fin de la guerre, la demande des familles pour le retour des corps se fait plus pressante, de nombreuses  pétitions voient le jour :

24 avril 1920 journal de Sancerre

La loi de finance du 31 juillet 1920 accorde enfin  le droit de transférer les corps,

Ce transfert est organisé par le décret du 28 septembre 1920 :

Décret du 28 septembre 1920

Transfert des corps de militaires morts pour la France et des victimes civiles de la Guerre

Le Président de la République française.

Vu l'article 106 de la Loi des Finances du 31 juillet 1920 relatif aux transports, à la demande des veuves, ascendants ou descendants, des corps des militaires, marins morts pour la France et des victimes civiles de la guerre.

[….]

Décrète :

ARTICLE PREMIER. — Le transfert aux frais de l'Etat, des corps des militaires et marins morts pour la France entre le 2 Août 1914 et le 24 octobre 1919, ainsi que des victimes civiles de la guerre décédées pendant cette même période et des réfugiés des départements envahis comporte les opérations suivantes : exhumation, mise en bière hermétique, transport collectif par route et par voie ferrée du premier lieu d'inhumation jusqu'au cimetière désigné par la famille, ré-inhumation dans ce cimetière.

La sépulture perpétuelle aux frais de la nation est réservée aux militaires inhumés dans les cimetières de guerre ou qui ont été placés, au moment de leur décès, dans des cimetières communaux.

[…]

ART. 3. — Les veuves, ascendants ou descendants qui, renonçant pour leurs morts, à la sépulture perpétuelle dans les cimetières de guerre ou communaux, visés au dernier paragraphe de l'article 1er ; solliciteront le transfert aux frais de l'Etat dans le cimetière de leur choix devront établir leur demande dans les conditions suivantes:

La demande, faite en double expédition, d'après le modèle annexé au présent décret, devra après légalisation par le maire ou le commissaire de police du domicile du demandeur être présentée à la Mairie de la commune sur le territoire de laquelle le corps devra être transporté […]

Des formules imprimées de demandes seront mises à la disposition des familles dans les préfectures et les mairies.

[…]

ART. 6. — Il sera procédé aux exhumations sous le contrôle des représentants qualifiés du service des restitutions des corps des militaires morts pour la France, dont la création est prévue au présent décret.

Les identifications, au moment de l'exhumation, seront effectuées par les représentants du service militaire de l'Etat-Civil.

[...]

Fait à Paris le 29 septembre 1920

 

Les opérations d’exhumation débutent en janvier 1921,

 

Quand le corps est retrouvé, l’identification reste souvent difficile, elle est facilitée par les éventuelles plaques d’identification, de rares objets personnels,…

l’incertitude est telle que de nombreuses familles renoncent à ce retour.

Plaque d’inhumation en principe attachée au corps à partir de 1915

 

les cercueils et leurs accessoires (croix, plaques) sont fournis après adjudication sur appel d'offre au cahier des charges bien détaillé

 

les corps sont regroupés dans des gares «régulatrices» (Creil et Brienne le Château) avant leur expédition vers leur région d’origine.

 

l’Ouest-Eclair 1 avril 1921

 

Le retour des corps se fait alors par convois,

 ce qui n’exclut pas les initiatives locales :

21 juin 1921 le journal du Cher

20 novembre 1920 journal de Sancerre

4 et 11 décembre 1920 journal de Sancerre

 

4 mai 1922 journal du Cher

 

 

 

Le retour des corps est l’occasion de manifestations patriotiques organisées par les municipalités :

mais plus modestement à Ménétréol :

 

21 juin 1922 la dépêche du Berry

La restitution des corps se termine pour l’essentiel courant 1923 mais le bilan reste modeste, 250 000 corps ont été restitués seulement pour une dépense estimée  à 26 millions de francs (dont 8.4 millions pour les cercueils, les croix, les stèles…)!

 

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